Est-ce un cliché ?

Publié le par Avec dix mots, le nouveau blog d'Annick SB

 

 

Taudis-Inde-Wakanta-208.jpg

 

 

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Ailleurs c'est ici, dans mon petit logis.
Ici, c'est ailleurs.
Un coin de survie.
Un abattoir clos.
Une caserne désertée.
Un immeuble branlant.
Ici c'est ailleurs et j'ai du me poser.
D'ailleurs c'est ici que je me suis dit que je vivrais ailleurs, loin d'ici ...

Ici c'est un taudis.

ça sent l'urine et la terre humide, salie et tassée sur le poids des fatigues, des drames accumulés, des abandons, des guerres ...
ça sent la misère...
ça sent la lumière qui entre partout et nulle part, qui ne croise pas les croisées de bois, qui ne chante pas sur les tapis chamarrés, la lumière perdue...
ça sent le froid, l'humidité et le salpêtre...
ça sent l'urine, le sang, la peur, la honte, la colère...

Ici c'est ailleurs, loin, si loin...
Enfin, c'est ce que tu crois.
Ma vérité, loin s'en faut, à défaut d'ailleurs est si près de toi.
C'est donc ici que je suis, anéanti, caché, tout près et au hasard de quelques clichés que tu as osé emmagasiner pour quelques feuilles de papier, tu m'as découvert et tu m'as ouvert à ton ailleurs à toi qui est si près d'ici.

Depuis j'arpente, je marche, je cours, je vole, je rampe, je fuis, je cherche...
 
Ici c'est ailleurs et d'ailleurs c'est là que j'ai décidé d'aller au gré des vents, des pluies et de la monotonie des journées de survie.
Partir.
Vagabonder.
Quitter ces planches et chercher coûte que coûte, ici et là, près de chez toi une issue à mon drame à moi.
Chercher un au delà pas si loin que ça, juste de l'autre côté d'une rivière, d'une forêt, d'une route, d'une frontière...

Ici et ailleurs ne font pas bon ménage.
Certains enragent...
Est ce ceux à qui on a crié " du balai ", glanant quelques lieux par-ci, quelques lieux par-là pour ici et là s'affirmer, se poser et enfin comme tout un chacun pouvoir se reposer ?
Ou est-ce les autres qui ne supportent pas notre réalité ?

Ici c'est dans mon cœur et c'est bien là, pas ailleurs,
c'est bien là que je t'ai rencontré,
c'est bien là que je t'ai désiré,
petit logis rêvé, métamorphosé.


Ici dans cet ailleurs d'antan, puant, tremblant, cet ailleurs qui ne se souvient que des pertes et fracas de ce taudis là et de la Vie qui va, j'attends.

Est ce un cliché ?
Il parait que bientôt on va être expulsé...

Annick SB   - Mars 2012 -

 

Consigne  n° 169 de l'atelier Ailleurs et hommage à mes petits élèves "sans papiers".


Publié dans Réfléchir...

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L
<br /> bonjour, annick<br /> <br /> <br /> Je me fais un peu rare entre mes obligations délicieuses de grand mère et  des vacances dont j'avais bien  besoin. Je reviens pour découvrir toujours des photos magnifiques que tu vas<br /> cherchées sur le net. J'ai reconnu l'origine de cette photo car je suis allée en Inde il y a trois ans. Elle est parlante et ton texte est vraiment approprié; Merci à toi de nous offrir de si<br /> belles choses.<br /> <br /> <br /> @ tantôt<br /> <br /> <br /> avec le sourire<br /> <br /> <br /> Lilou<br />
Répondre
A
<br /> <br /> Merci Lilou ; j'ai effectivement de la chance, souvent, de trouver la photo ou la toile qui va vraiment avec les mots que j'ai écrit et je remercie au passage les<br /> artistes de me les offrir en partage sans rechigner pour illustrer mes bafouilles ! <br /> <br /> <br /> <br />
W
<br /> Magnifique, incandescent, dévorant dans son dérangement et sa beauté, j'aimerais tant écrire comme cel, écrire cela !<br />
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A
<br /> <br /> Merci beaucoup de votre visite ...<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> Un texte à faire trembler les coeurs. Mais au faite, ceux qui pratiquent l'expulsion ont-ils un coeur ? Joëlle<br />
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A
<br /> <br /> Tout le monde a un coeur je crois ; les hommes l'oublient parfois ou sont pris dans des tiraillements de paperaces qui emprisonnent l'humanité dans ce qu'elle a de<br /> plus sensible - la compassion - pour la rendre banalement " statistique " ...<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Hélas, ce n'est pas un cliché pour de si nombreuses personnes qui gardent malgré tout leur humanité et l'espoir d'une vie meilleure.<br />
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A
<br /> Un très beau texte Annick mais qui ne me réconcilie pas avec  la joie <br />
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