La bobine...
C - Forestier - Thivrier - Clic -
Tu fais un rêve récurrent.
Tu prends la vie et tu l'enroules sur une bobine.
Parfois c'est du fil de soie,
Parfois de l'acier,
Parfois une longue corde de chanvre...
Et ça ne s'emmêle pas, enfin pas toujours...
Quelquefois le fil se tord aussi ; ça fait des noeuds ...
C'est un peu comme le souvenir des mots que tu fredonnes quand tu n'as pas l'air clair le soir ou le matin.
Tu fais un rêve récurrent.
La vie que tu enroules autour d'une bobine, jour après jour, ne se lisse que dans les vagues ; les noeuds t'oppressent la gorge, le coeur, la peau, les mots et ce mouvement perpétuel te donne le mal de mer, toi le marin aux paupières fragiles, aux paroles insensées, au rire inimaginable.
Tu fais un rêve récurrent.
Tout s'effiloche ; tu prends les rencontres comme des points d'appui parsemés sur ton chemin de bambin éternel et tu tangues de l'une à l'autre, tel un navire foudroyé par l'éclair des souvenirs d'enfance que tu ne peux chasser de ton mal de crâne.
Ces rencontres se nouent en filets qui tantôt te protègent quand la chute est vertigineuse, tantôt t'emprisonnent quand tu ne crois plus à rien.
Tu chavires,
Tu tangues,
Tu frémis,
Tu dépends,
Tu gémis,
Tu te sales les lèvres, la barbe, la peau...
Tu te tends, tu te pends, pour en finir avec les fameux rêves qui ne te bercent plus.
Elle est dure ta peau et elle sent le rhum, le voyage, le bleu, l'infini...
C'est fini ...
Je te salue Ami au delà de toutes les vagues qui ne te verront plus...
Je rends à l'écume des jours à venir ces sanglots très lourds que je verse ce jour, rien que pour toi et tes vains délires salés qui me manquent déjà ...
Annick SB - 10 Septembe 2011 -