Sable rouge, sable noir...
Emil Nolde - La nuit transfigurée - - Clic ! -
Le sable rouge est comme une mer sans limite.
On ne le franchit pas.
On l'enjambe une seule fois et tout s'achève.
C'est ainsi !
C'est comme ça !
Il n' y a rien à redire et pourtant il me semble bien que j'entends quelque chose ...
C'est le bruit des cris dans les vagues, de la dispute, de la haine qui me revient.
Le son très long de l'ennui aussi.
Le goût du pourri quelquefois.
La teinte de l'envie de toi qui ne trépasse pas et que j'ai dans le cœur.
Souviens toi, nous marchions main dans la main et je serrais la tienne pour la faire rougir.
Je te détestais déjà.
Je crois que mes ongles saignaient un tout petit peu.
J'avais si peur.
Le sable noir est comme un océan sans fin.
Il tremble, s'agite, s'envole dans la tempête.
Il ne se pose pas.
On ne le franchit plus.
Il est trop tard.
Les mouettes ont traversé la berge et se sont posées sur les dépouilles grises de nos ambitions atrophiées.
On voulait vivre.
Je vois des sachets vides qui gisent dans les algues, des boites éventrées sur les galets, des objets perdus et plus que ça encore...
Ca déborde.
J'étouffe.
Je ressemble à un pantin brisé.
Le saisis-tu lorsque tu me regardes ?
Comprends-tu que la vague se meut inexorablement, se meurt très lentement et me défie sans m'emporter ?
Comprends-tu qu'il est trop tard et que le monde est là, toujours présent, à feu et à sang, sans toi et sans nos vains espoirs comme témoins du drame ?
Le sable rouge est comme une mer sans limite.
J'aurais aimé te poignarder ce matin.
Comme ça, simplement, juste pour le plaisir de clore les tracas...
Mais tu as lâché ma main, détourné la tête, couru et je t'ai perdu de vue dans le calme apparent d'une vie sans rêve...
Annick SB - Septembre 2011 -
( Incipit de Leconte de Lisle avec les Impromptus ...)